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A propos du Palace, du mythe et des mémoires défaillantes...
Aucun souvenir des jet setter's au Palace... En 1978, je pointais ma frimousse aussi plate que banale dans ce géant de la nuit qui faisait parler de lui jusque dans mon injurieuse province marseillaise. Le vieux corridor et son odeur de poussière (que je lui inventais immédiatement) auguraient une approche familière inexpliquable dont l'attachement n'allait plus me quitter malgré une infidélité trentenaire dûe à la vie. Ce soir là, j'y fêtais mes 18 ans et quart. A la lecture de Rose Palace (excellent document au delà de son apparence très interprètée), je me rends compte de la couleur incontournablement mondaine qu'on prête à ce lieu chaque fois qu'on l'évoque. Des gamins dans mon genre, ringard à souhait (terme utilisé environ une trentaine de fois par l'inventeur de la mythique semelle rouge) y en avait partout dans ce prétendu lieu de jet setter's. Deux ans plus tard, résident parisien pour une petite décennie, moi et mon indécrottable ringardise, franchissions la porte du Palace entre 2 et 3 fois par semaine. On ne m'a jamais refusé l'entrée et je n'ai même pas le souvenir d'avoir poireauté une seule fois devant la porte (contrairement au 54 avec 3/4 d'h d'attente sous la neige avant de pouvoir y mettre un pied et puis l'autre). Je salue Jenny Bel'air au passage et suis désormais heureux de mettre un visage à celle qui aurait pu me barrer la route mais qui ne l'a pas fait. Merci pour tout. Des gamins, donc, un peu partout, des apparences joviales et amicales bien plus que vestimentaires. K. Lagerfeld en parle très bien et la tendresse qu'il tient dans ses propos en font sans doute les meilleurs sur cette si symptomatique et récurrente apparence... Perso, je préfère y voir un outil de fond à une finalité, contrairement à ce qui est décrit. C'est donc bien plus dans les yeux et les regards, que je garde un beau souvenir de rencontres brèves (ou moins brèves). Pas dans les fringues. En prenant la parole, je souhaite franchement que les souvenirs du Palace restent une période extrêmement belle de tonicité, de rencontres possibles, d'ambiance festive simple, comprise dans le tarif d'entrée. Ô miracle!... Je n'ai jamais mis un pied dans ces grands rassemblements où les Sept Péchés Capitaux allaient bon train. D'une part, parce que je n'y étais pas invité et de l'autre, parce que je n'étais pas convaincu de sa cohérence avec ma vie diurne. Le Palace bien banal et «routinier» m'a plus intéressé intuitivement sur le moment et culturellement depuis 5 ans. Je ne crois pas être un cas isolé. La parole que je prends volontiers concerne tous les autres anonymes qui ont fait le vrai Palace dont l'intérêt a été une sorte de stylisation de la démocratie merveilleusement réussie par F. Emaer (en tout cas, dans son approche). Tornade sociale? Revendications plus ou moins gagnées? Nouvelle génération qui récupérait des fruits murs ou pourris ne le sachant même pas? Sur fond sonore exceptionnel d'un vrai bon disco dont la sensualité (pas encore trahie par la médiocrité du n'importe quoi) rapprochait les gens. Il a servi à ça! Oui bien sûr, Diana Ross et les Autres... Soyons clair, c'est pas sur les Variations de Goldberg qu'on s'éclate. Suffit de le savoir pour assumer un disco passé lamentablement sous silence! Après, la façon de danser, de bouger, franchement on s'en fou complet... S'éclater et bien se tenir est un duo aussi improbable que faire l'amour et rester bien élevé... Donc je crois bien qu'il y avait une majorité qui s'éclatait et une minorité qui venait voir... J'en arrive aux propos tenus par la regrettée Loulou de la Falaise, que je trouve quand même très à côté de la plaque: au vu de la quantité d'individus dans mon genre, qui surpeuplaient ce lieu, il est hâtif de prétendre que les jet setter's (minoritaires) leur ont ouvert les portes. Je pense exactement l'inverse: le Palace a eu l'ambition d'être un lieu populaire qui a ouvert ses portes aux jet setter's. Ils l'ont toléré 5 minutes avant d'aller se réfugier dans le sous sol au plafond bas du Privilège. On aurait pu l'appeler l'Elite ou le Sens Interdit. Euh, bon, bref... Lorsque je passais devant son accès en haut de l'escalier, j'avais la même impression que j'ai quand je vois quelqu'un agiter et vider un magnum de Moët & Chandon sur ses potes morts de rire... Mais l'indecense n'a pas de prix. K. Lagerfeld, encore, dit une chose fondamentale: "lorsqu'un lieu festif est trop polissé, trop luxueux, la magie n'y est plus". Un fondement dont devraient se nourrir les nouveaux créateurs d'espaces festifs. Perso, je reste plutôt zinzin que bling bling. Le Palace a été un géant de la nuit tant qu'il a cultivé son paradoxe d'humilité. Je n'ai jamais considéré l'existence du Privilège comme un vide-ordure mais j'ai préféré tourner les talons pour m'intéresser à la vie... ça tombait bien, dehors il faisait jour.
Ok pour « Paris 70 » et Rose Palace, mais dans son contexte mondial seulement et obligatoirement. Comment parler de Paris 70 sans avoir en tête les mouvements généreux outre Atlantique, avec évidemment la Beat d'un côté pour le fond et Paradise Now et Hair de l'Autre pour la représentation. Les fruits récupérés par Nous (18 ans en 78) dont je parle plus haut sont aussi par là. Je ne crois vraiment pas que Paris soit l'endroit où tout à commencé sur la planète en mâtière de "noctambulisme de société" et de sens profond qu'il a eu de 1970 à 1980... Ok aussi pour une France "soixante-huitarde" et l'avortement... Mais n'oublions pas les manifestations antiségrégatives frontales outre-atlantiques (1960 à 80) en faveur des femmes, des noirs, des gays, souvent marquées par des victoires décisives sur la police new-yorkaise. Les courants artistiques modernistes s'en mêlent et se prêtent au jeu pour les grandes causes. Loin des débuts de Beaubourg , les genres artistiques se mélangent dans une belle cacophonie visuelle, architecturale, urbanistique, publiciste, stylistique et sonore dans une seule et même liberté d'expression. Warhol en est un des papes. Musique populaire et contemporaine se partagent le fruit de la modernité et l'architecture expérimentale de l'après-guerre devient un produit fini et consommable. A Philadelphie, à Chicago, à NY, à San-Francisco quelques labos géniaux créateurs de Zinzin (hors Allemagne au début) et arrangeurs de sons, nous font danser du Palace jusqu'aux plus microscopiques boîtes de provinces. Côté 1980 on assiste à un début de polissage planétaire et financier pour ne pas dire faillitaire: le paysage cacophonique ne plaît ni à Regan et son Administration, ni à Thatcher qui devient sa partenaire politique dès 1980. Qu'a fait Paris contre ce bazooka néolibéraliste hygiéniste qui a raboté tout ce qui commençait à sérieusement dépasser. «Me Generation» que je traduis par «moi-d'abord» (avec intention anti groupe) a fait son apparition en toute quiètude, bénéficiant sans doute de l'autre bazooka du sida... Je ne crois pas tout mélanger dans ce «Paris 70» aux extensions spatiales et et temporelles incontournables qu'on lui prête invariablement. Le noctambulisme était un espace où Tout se croisait, se faisait (ou défaisait). Le sujet est un gouffre qui ne peut pas se limiter à La Main Bleu ou Le Palace. N'en déplaise aux quelques rescapés qui se prennent pour ceux qu'ils n'ont pas été et s'autoproclament précurseurs dans un premier temps et icônes dans un deuxième. La mémoire nous joue des tours après trente ans. A l'heure d'aujourd'hui où la pensée unique va bon train (comme la Monnaie) autant que la stabilisation de tout (comprendre l'asceptisation du «consommable»), je m'interroge sur ce qu'a décidé Paris, quand elle ne dormait pas... Mais J. Lang a dit qu'on allait au Palace et qu'on y travaillait... Il a eu un sacré bon job quand même..! Je ne crois pas que le Palace ait été précurseur mais plutôt récupérateur (pour le meilleur et le pire selon ses «usagers») et probablement promoteur de ce vent nouveau parmi tant d'autres. Il soufflait un peu partout dans le monde. En province, j'ai connu des patrons de boîtes qui ne savaient même pas ce qu'était le Palace et qui reproduisaient la même fièvre dans leurs «petits» établissements sans le savoir (musique, musique...zinzin génial toujours). Les petits groupes de jetsetter's n'y étaient pas (et encore que, ça dépendait des saisons...) mais les gens s'en foutaient complet! Je me souviendrai à vie de ce chemin broussailleux corse (non carrossable) au bout du bout duquel on poussait une porte vaguement signalée par une ampoule rouge et derrière laquelle la fête y était. La vraie aussi (1976). Le sentiment de fête doit il se mesurer à son nombre d'entrées et sa présence de têtes couronnées?? L'auberge espagnole corse? A moins que le Palace n'en ait été une tout simplement. Un peu plus loin, en Camargue, en pleine zone marécageuse, la Churascaïa: institution en son temps. A St Tropez, les copines se maquillaient aux phares des bagnoles avant de monter sur les dancefloor de fortune de Pampelone. Au Pigeonnier on buvait un coup à côté d'Elton John pour quelques francs et je crois bien qu'il en était le premier ravi! Le Palace a fait beaucoup pour qui et pour quoi, au regard de quelle proportion de nightclubbers sur les 50 millions de français? On ne sait + tres bien qui etait l'équipe fondatrice-directrice-tresorière-comptable-artistique-créatrice-technicienne du Palace mais à l'écouter aujourd'hui elle est devenue héroïque et s'est starisée on ne sait pas pourquoi. Alors c'est vrai, les témoignages sont précieux pour les cintres du théâtre, mais il y en a eu beaucoup d'autres (juste un peu plus discrêts). Je n'ai jamais touché à la drogue. L'opportunité à double sens (d'après ce que j'ai compris) que reprèsentait une certaine popularité et mondanité palacienne, ne m'intéressait pas pour des raisons logiques et personnelles sauf que son aspect parade et potiche a dû m'amuser sans savoir qu'il s'agissait des «travailleurs» de la nuit. Très récemment, J'ai rencontré un(e) mannequin (anciennement célèbre). Lorsque j'ai évoqué le phénomène 54 (qui m'intéresse bien plus que le phénomène Palace, trop «chic français» à mon goût...) elle s'est tordue dans tous les sens en me disant qu'à la grande époque 77/81 elle y était... L'ennuie c'est que ça devait lui faire environ 9 ans in situ! Je me suis permis de lui faire savoir. Autant, je suis séduit et rassuré de voir qu'il y a quelques quinquas (et +) qui éprouvent le besoin de réveiller cette époque (et je souhaite que ce soit dans un but nostalgique et non passéiste pour une visée constructive) autant j'hallucine sur le caractère «sommaire», infantile et souvent mythomane que la petite histoire se plait à ressortir du phénomène disco (Disco Suck et années Reagan ont bien réussi leur coup, pour le coup!). La fascination du phénomène porte le disco au paroxysme de l'aberration. Le film 54 est une injure à la réalité troublante et très porteuse du vrai climat de ces années. D'un autre côté, la video Rose Palace empile une odeur trop personnelle (trop créative) sur une réalité tellement dense de sens qu'elle a envoûté tout le monde mais pour des intuitions tout aussi variées. La Soirée Moratoire (va pour la SM) concerne qui, quoi, et combien de personnes dans la marge des soirées de Paris de la marge du Palace de la marge du noctambulisme...????? Je n'ai pas vu de Wharhol, de Trudeau et de Bianca au 54. Peut-être les ai-je croisés mais je ne ne savais même pas qu'ils existaient. Le surdimensionnement du phénomène Mode au Palace, a faciné et concerné combien de français sur les 50 millions que nous sommes? Hélas dans cette réduction de la réduction, beaucoup de gens sont morts et j'ai jeté un jour, un adressographe dramatiquement périmé, comme d'autres l'ont fait, je sais. Génération sacrifiée? Peut-être. «Heureusement» que l'aspect destructeur du noctambulisme a concerné un pourcentage réduit de la population sinon c'est la moitié de la terre qui serait morte. Difficile de mettre de l'ordre dans tout ça mais les inombrables paramètres sociaux, culturels, politiques et ethniques ne peuvent être passés sous silence dans un «Paris 70» qui n'a pas été unique ou l'inventeur de tout.. Mais cette vidéo a quand même l'intérêt d'être un clignotant dans une actualité noctambuliste fade.
A propos du Palace, du mythe et des mémoires défaillantes...
Aucun souvenir des jet setter's au Palace... En 1978, je pointais ma frimousse aussi plate que banale dans ce géant de la nuit qui faisait parler de lui jusque dans mon injurieuse province marseillaise. Le vieux corridor et son odeur de poussière (que je lui inventais immédiatement) auguraient une approche familière inexpliquable dont l'attachement n'allait plus me quitter malgré une infidélité trentenaire dûe à la vie. Ce soir là, j'y fêtais mes 18 ans et quart. A la lecture de Rose Palace (excellent document au delà de son apparence très interprètée), je me rends compte de la couleur incontournablement mondaine qu'on prête à ce lieu chaque fois qu'on l'évoque. Des gamins dans mon genre, ringard à souhait (terme utilisé environ une trentaine de fois par l'inventeur de la mythique semelle rouge) y en avait partout dans ce prétendu lieu de jet setter's. Deux ans plus tard, résident parisien pour une petite décennie, moi et mon indécrottable ringardise, franchissions la porte du Palace entre 2 et 3 fois par semaine. On ne m'a jamais refusé l'entrée et je n'ai même pas le souvenir d'avoir poireauté une seule fois devant la porte (contrairement au 54 avec 3/4 d'h d'attente sous la neige avant de pouvoir y mettre un pied et puis l'autre). Je salue Jenny Bel'air au passage et suis désormais heureux de mettre un visage à celle qui aurait pu me barrer la route mais qui ne l'a pas fait. Merci pour tout. Des gamins, donc, un peu partout, des apparences joviales et amicales bien plus que vestimentaires. K. Lagerfeld en parle très bien et la tendresse qu'il tient dans ses propos en font sans doute les meilleurs sur cette si symptomatique et récurrente apparence... Perso, je préfère y voir un outil de fond à une finalité, contrairement à ce qui est décrit. C'est donc bien plus dans les yeux et les regards, que je garde un beau souvenir de rencontres brèves (ou moins brèves). Pas dans les fringues. En prenant la parole, je souhaite franchement que les souvenirs du Palace restent une période extrêmement belle de tonicité, de rencontres possibles, d'ambiance festive simple, comprise dans le tarif d'entrée. Ô miracle!... Je n'ai jamais mis un pied dans ces grands rassemblements où les Sept Péchés Capitaux allaient bon train. D'une part, parce que je n'y étais pas invité et de l'autre, parce que je n'étais pas convaincu de sa cohérence avec ma vie diurne. Le Palace bien banal et «routinier» m'a plus intéressé intuitivement sur le moment et culturellement depuis 5 ans. Je ne crois pas être un cas isolé. La parole que je prends volontiers concerne tous les autres anonymes qui ont fait le vrai Palace dont l'intérêt a été une sorte de stylisation de la démocratie merveilleusement réussie par F. Emaer (en tout cas, dans son approche). Tornade sociale? Revendications plus ou moins gagnées? Nouvelle génération qui récupérait des fruits murs ou pourris ne le sachant même pas? Sur fond sonore exceptionnel d'un vrai bon disco dont la sensualité (pas encore trahie par la médiocrité du n'importe quoi) rapprochait les gens. Il a servi à ça! Oui bien sûr, Diana Ross et les Autres... Soyons clair, c'est pas sur les Variations de Goldberg qu'on s'éclate. Suffit de le savoir pour assumer un disco passé lamentablement sous silence! Après, la façon de danser, de bouger, franchement on s'en fou complet... S'éclater et bien se tenir est un duo aussi improbable que faire l'amour et rester bien élevé... Donc je crois bien qu'il y avait une majorité qui s'éclatait et une minorité qui venait voir... J'en arrive aux propos tenus par la regrettée Loulou de la Falaise, que je trouve quand même très à côté de la plaque: au vu de la quantité d'individus dans mon genre, qui surpeuplaient ce lieu, il est hâtif de prétendre que les jet setter's (minoritaires) leur ont ouvert les portes. Je pense exactement l'inverse: le Palace a eu l'ambition d'être un lieu populaire qui a ouvert ses portes aux jet setter's. Ils l'ont toléré 5 minutes avant d'aller se réfugier dans le sous sol au plafond bas du Privilège. On aurait pu l'appeler l'Elite ou le Sens Interdit. Euh, bon, bref... Lorsque je passais devant son accès en haut de l'escalier, j'avais la même impression que j'ai quand je vois quelqu'un agiter et vider un magnum de Moët & Chandon sur ses potes morts de rire... Mais l'indecense n'a pas de prix. K. Lagerfeld, encore, dit une chose fondamentale: "lorsqu'un lieu festif est trop polissé, trop luxueux, la magie n'y est plus". Un fondement dont devraient se nourrir les nouveaux créateurs d'espaces festifs. Perso, je reste plutôt zinzin que bling bling. Le Palace a été un géant de la nuit tant qu'il a cultivé son paradoxe d'humilité. Je n'ai jamais considéré l'existence du Privilège comme un vide-ordure mais j'ai préféré tourner les talons pour m'intéresser à la vie... ça tombait bien, dehors il faisait jour.
Ok pour « Paris 70 » et Rose Palace, mais dans son contexte mondial seulement et obligatoirement. Comment parler de Paris 70 sans avoir en tête les mouvements généreux outre Atlantique, avec évidemment la Beat d'un côté pour le fond et Paradise Now et Hair de l'Autre pour la représentation. Les fruits récupérés par Nous (18 ans en 78) dont je parle plus haut sont aussi par là. Je ne crois vraiment pas que Paris soit l'endroit où tout à commencé sur la planète en mâtière de "noctambulisme de société" et de sens profond qu'il a eu de 1970 à 1980... Ok aussi pour une France "soixante-huitarde" et l'avortement... Mais n'oublions pas les manifestations antiségrégatives frontales outre-atlantiques (1960 à 80) en faveur des femmes, des noirs, des gays, souvent marquées par des victoires décisives sur la police new-yorkaise. Les courants artistiques modernistes s'en mêlent et se prêtent au jeu pour les grandes causes. Loin des débuts de Beaubourg , les genres artistiques se mélangent dans une belle cacophonie visuelle, architecturale, urbanistique, publiciste, stylistique et sonore dans une seule et même liberté d'expression. Warhol en est un des papes. Musique populaire et contemporaine se partagent le fruit de la modernité et l'architecture expérimentale de l'après-guerre devient un produit fini et consommable. A Philadelphie, à Chicago, à NY, à San-Francisco quelques labos géniaux créateurs de Zinzin (hors Allemagne au début) et arrangeurs de sons, nous font danser du Palace jusqu'aux plus microscopiques boîtes de provinces. Côté 1980 on assiste à un début de polissage planétaire et financier pour ne pas dire faillitaire: le paysage cacophonique ne plaît ni à Regan et son Administration, ni à Thatcher qui devient sa partenaire politique dès 1980. Qu'a fait Paris contre ce bazooka néolibéraliste hygiéniste qui a raboté tout ce qui commençait à sérieusement dépasser. «Me Generation» que je traduis par «moi-d'abord» (avec intention anti groupe) a fait son apparition en toute quiètude, bénéficiant sans doute de l'autre bazooka du sida... Je ne crois pas tout mélanger dans ce «Paris 70» aux extensions spatiales et et temporelles incontournables qu'on lui prête invariablement. Le noctambulisme était un espace où Tout se croisait, se faisait (ou défaisait). Le sujet est un gouffre qui ne peut pas se limiter à La Main Bleu ou Le Palace. N'en déplaise aux quelques rescapés qui se prennent pour ceux qu'ils n'ont pas été et s'autoproclament précurseurs dans un premier temps et icônes dans un deuxième. La mémoire nous joue des tours après trente ans. A l'heure d'aujourd'hui où la pensée unique va bon train (comme la Monnaie) autant que la stabilisation de tout (comprendre l'asceptisation du «consommable»), je m'interroge sur ce qu'a décidé Paris, quand elle ne dormait pas... Mais J. Lang a dit qu'on allait au Palace et qu'on y travaillait... Il a eu un sacré bon job quand même..! Je ne crois pas que le Palace ait été précurseur mais plutôt récupérateur (pour le meilleur et le pire selon ses «usagers») et probablement promoteur de ce vent nouveau parmi tant d'autres. Il soufflait un peu partout dans le monde. En province, j'ai connu des patrons de boîtes qui ne savaient même pas ce qu'était le Palace et qui reproduisaient la même fièvre dans leurs «petits» établissements sans le savoir (musique, musique...zinzin génial toujours). Les petits groupes de jetsetter's n'y étaient pas (et encore que, ça dépendait des saisons...) mais les gens s'en foutaient complet! Je me souviendrai à vie de ce chemin broussailleux corse (non carrossable) au bout du bout duquel on poussait une porte vaguement signalée par une ampoule rouge et derrière laquelle la fête y était. La vraie aussi (1976). Le sentiment de fête doit il se mesurer à son nombre d'entrées et sa présence de têtes couronnées?? L'auberge espagnole corse? A moins que le Palace n'en ait été une tout simplement. Un peu plus loin, en Camargue, en pleine zone marécageuse, la Churascaïa: institution en son temps. A St Tropez, les copines se maquillaient aux phares des bagnoles avant de monter sur les dancefloor de fortune de Pampelone. Au Pigeonnier on buvait un coup à côté d'Elton John pour quelques francs et je crois bien qu'il en était le premier ravi! Le Palace a fait beaucoup pour qui et pour quoi, au regard de quelle proportion de nightclubbers sur les 50 millions de français? On ne sait + tres bien qui etait l'équipe fondatrice-directrice-tresorière-comptable-artistique-créatrice-technicienne du Palace mais à l'écouter aujourd'hui elle est devenue héroïque et s'est starisée on ne sait pas pourquoi. Alors c'est vrai, les témoignages sont précieux pour les cintres du théâtre, mais il y en a eu beaucoup d'autres (juste un peu plus discrêts). Je n'ai jamais touché à la drogue. L'opportunité à double sens (d'après ce que j'ai compris) que reprèsentait une certaine popularité et mondanité palacienne, ne m'intéressait pas pour des raisons logiques et personnelles sauf que son aspect parade et potiche a dû m'amuser sans savoir qu'il s'agissait des «travailleurs» de la nuit. Très récemment, J'ai rencontré un(e) mannequin (anciennement célèbre). Lorsque j'ai évoqué le phénomène 54 (qui m'intéresse bien plus que le phénomène Palace, trop «chic français» à mon goût...) elle s'est tordue dans tous les sens en me disant qu'à la grande époque 77/81 elle y était... L'ennuie c'est que ça devait lui faire environ 9 ans in situ! Je me suis permis de lui faire savoir. Autant, je suis séduit et rassuré de voir qu'il y a quelques quinquas (et +) qui éprouvent le besoin de réveiller cette époque (et je souhaite que ce soit dans un but nostalgique et non passéiste pour une visée constructive) autant j'hallucine sur le caractère «sommaire», infantile et souvent mythomane que la petite histoire se plait à ressortir du phénomène disco (Disco Suck et années Reagan ont bien réussi leur coup, pour le coup!). La fascination du phénomène porte le disco au paroxysme de l'aberration. Le film 54 est une injure à la réalité troublante et très porteuse du vrai climat de ces années. D'un autre côté, la video Rose Palace empile une odeur trop personnelle (trop créative) sur une réalité tellement dense de sens qu'elle a envoûté tout le monde mais pour des intuitions tout aussi variées. La Soirée Moratoire (va pour la SM) concerne qui, quoi, et combien de personnes dans la marge des soirées de Paris de la marge du Palace de la marge du noctambulisme...????? Je n'ai pas vu de Wharhol, de Trudeau et de Bianca au 54. Peut-être les ai-je croisés mais je ne ne savais même pas qu'ils existaient. Le surdimensionnement du phénomène Mode au Palace, a faciné et concerné combien de français sur les 50 millions que nous sommes? Hélas dans cette réduction de la réduction, beaucoup de gens sont morts et j'ai jeté un jour, un adressographe dramatiquement périmé, comme d'autres l'ont fait, je sais. Génération sacrifiée? Peut-être. «Heureusement» que l'aspect destructeur du noctambulisme a concerné un pourcentage réduit de la population sinon c'est la moitié de la terre qui serait morte. Difficile de mettre de l'ordre dans tout ça mais les inombrables paramètres sociaux, culturels, politiques et ethniques ne peuvent être passés sous silence dans un «Paris 70» qui n'a pas été unique ou l'inventeur de tout.. Mais cette vidéo a quand même l'intérêt d'être un clignotant dans une actualité noctambuliste fade.